Otto von Bismarck : Un amour canin 

Dès son plus jeune âge, Otto von Bismarck, futur père de la nation allemande, développe une affection particulière pour les dogues allemands, qui l’accompagneront durant son ascension politique. Parmi eux, deux spécimens se distinguent aux yeux des historiens.

Le premier est Sultan, un lévrier noir dont la mort bouleverse profondément Bismarck, présent à ses côtés lors de son dernier souffle. Sultan est plus qu’un simple animal de compagnie : il suit Bismarck comme son ombre et dort au pied de son lit. Lorsque Bismarck est nommé ministre des Affaires étrangères, il se voit contraint de renommer son fidèle compagnon « Sultl » pour éviter d’offenser son homologue ottoman.

Malgré ses efforts, Bismarck ne peut éviter qu’un autre de ses amis poilus provoque un imbroglio diplomatique. Tyras, un dogue allemand imposant, manque en effet de provoquer une crise internationale. Alors qu’une conversation musclée se déroule entre Bismarck et le premier ministre russe Gortschakoff, les vives gesticulations de ce dernier conduisent Tyras à croire à une attaque contre son maître. Le dogue allemand bondit sur le dirigeant russe et le cloue à terre. On imagine que de nombreuses excuses ont été nécessaires pour calmer une scène aussi confuse qu’explosive. Quoi qu’il en soit, aucune guerre n’est déclarée à l’issue de cette rencontre. 

Le rôle joué par l’omniprésent Tyras, qui accompagne le chancelier en public, et l’importance que lui consacre son maître en font un des canidés les plus influents de l’histoire. Outil de pouvoir et d’intimidation, le dogue allemand attire l’intérêt des médias et fascine les Allemands, à tel point qu’on le surnomme Reichshund, « le chien de l’Empire ». Sa disparition fait d’ailleurs la une de la presse internationale. L’empereur Guillaume II s’empresse alors d’offrir au chancelier un autre compagnon, nommé Tyras II. 

Souvent représenté avec son casque à pointe, Bismarck est réputé pour sa froideur et sa solitude. On lui attribue un tempérament impitoyable, mêlé à un pragmatisme idéologique. Son amour pour les chiens illustre bien cette dualité. En trouvant refuge dans une amitié silencieuse tout en l’utilisant à des fins politiques, Bismarck ne laisse rien au hasard. Aujourd’hui encore, de nombreuses statues le représentent avec l’un de ses compagnons poilus à ses côtés.

Tel chien, tel maître.

Otto von Bismarck (1815 – 1898) est un homme d’Etat prussien puis allemand. Député, diplomate, ministre puis chancelier, il impose la suprématie de la Prusse au sein de la confédération germanique à travers une succession de guerres. Après sa victoire face à la France en 1870, il proclame l’unification de l’Etat allemand au château de Versailles. Bismarck est aussi connu pour des fameuses citations telles que « La politique est l’art du possible » ou encore « Les lois sont comme les saucisses. C’est mieux de ne pas voir leur préparation. »