La vie de Bachar al-Assad aurait pu être bien différente.
Son père Hafez al-Assad, au pouvoir en Syrie depuis 1970, prépare initialement son fils aîné, Bassel, à prendre sa succession à la tête du régime. Bachar est à cette époque un jeune homme timide et réservé, qui montre peu d’intérêt pour la chose politique, contrairement à son grand frère. Son père, de nature autoritaire et brutale, est accaparé par les affaires et obsédé par le pouvoir. Le dictateur ne consacre que peu de temps à ses cinq enfants et encore moins à son deuxième fils en qui il ne pressent pas de destin national.
En fait, celui qu’on surnommera plus tard le « boucher de Damas », s’intéresse durant sa jeunesse à la science d’Hippocrate. Diplômé de l’Université de Damas à 23 ans, Bachar exerce quelques années en tant que médecin dans l’armée, avant de suivre des études d’ophtalmologie à Londres. Studieux, il a pour objectif d’obtenir son diplôme avant de rentrer au pays et y faire carrière. Mais un évènement viendra bouleverser à jamais sa vie et le destin de son pays.
Comme il est d’usage de la part d’un fils ainé de dictateur tout-puissant, Bassel mène une vie de luxure et d’excès. L’héritier est réputé pour sa consommation de drogues, son penchant pour la fête et son intérêt pour les voitures. Il paiera de sa vie son amour pour la vitesse.
En janvier 1994, alors qu’il conduit sa Mercedes en direction de l’aéroport de Damas pour s’envoler vers les Alpes, Bassel entre en collision avec une barrière de sécurité. Ne portant pas sa ceinture de sécurité et roulant à environ 240km/h, il meurt instantanément. Pour Hafez, le père, c’est un drame à la fois personnel et politique. Le dirigeant décrète un deuil national et fait revenir Bachar en urgence.
Au cours des six années suivantes et jusqu’à sa mort, Hafez prépare Bachar à prendre le pouvoir. Il construit son réseau au sein de l’appareil étatique, place à des postes stratégiques des hommes loyaux envers son nouveau protégé et introduit son fils au public. En parallèle, le jeune Simba rejoint l’armée, se voit promu colonel et occupe progressivement de nombreuses responsabilités.
A la mort du père, le Parlement vote une réforme constitutionnelle afin d’abaisser l’âge minimum pour une candidature à la présidentielle, qui passe de 40 à 34 ans – comme par hasard l’âge de notre médecin. Bachar al-Assad est promu quelques jours plus tard à la tête des armées syriennes et est élu président par referendum avec un score modeste de 97.29%. Il incarne à cette époque un espoir de renouveau et de démocratisation pour le peuple syrien.
Tu iras loin mon fils.
Bachar al-Assad (1965 – ) est un homme d’Etat syrien. A la suite du décès de son père Hafez en 2000, il est élu président de la République arabe syrienne. Gouvernant son pays d’une main de fer, la répression menée par son régime lors des printemps arabes de 2011 joue un rôle majeur dans le déclenchement de la guerre civile syrienne. Les actions de son armée dans ce conflit, notamment l’utilisation de la torture et d’armes chimiques, valent au dictateur d’être accusé de crime de guerres et de crimes contre l’humanité par l’ONU.