Carnet rouge

Face à la statue
Le rouge gorge se chatouille
Le regard serein

Cet arbre est si grand
Me voici le saluant
Depuis tout en bas

La pie s’est assise
Et nous écoutons ensemble
Les bruits de la rue

Le chien allongé
Tourne la tête et observe
Au pied de son maitre

Au cœur de la place
Sans même qu’on le remarque
L’élan du platane

Le cours du ruisseau
L’envie d’écrire un poème
Se trouvent en amont

C’est donc le dimanche
La ville semble buller
Douce et apaisée

Dans la rue Plaisance
Derrière le rideau blanc
De longs rayons bleus

L’harmonica chante
Fausses notes et mélodie
Tout de même il berce

Qu’est-ce qu’il est dur
De devoir se séparer
De la moindre chose

Haïku de soirée
Dehors la nuit fait des siennes
J’écris en douceur

Cette pluie battante
Rebondit sur les graviers
Musique du soir

Le carnet rempli
De babioles et bagatelles
Triviales et frivoles

Chante la rivière
Sous les astres morcelés
Elle suit son cours

Collé au bitume
L’homme allongé dans la rue
Doit avoir si froid

Le cœur se retient
Séance de tirs au but
Victoire croate

Le tracas de l’eau
Qui affleure en cataracte
S’écrasant au sol

Dans le froid d’hiver
Résonne un petit soleil
Les bruits de l’enfant

J’entends la moto
Qui ressasse son antienne
Et s’enfuit au loin

Nuage éphémère
Qui ne laisse aucune trace
La marche du monde

Sans rien demander
Après des mois de recueil
La plante frissonne

De son corps sans forces
Le mendiant crie son espoir
Assis sur le gris

Convoi de berlines
Le monsieur très important
Marque sa présence

Sentier de montagne
Chaleur d’un monde qui vient
Parfum des pruniers

Silence sans fin
Soudain, depuis les gradins
Explosion de joie

L’air froid enveloppe
Ce vieil homme silencieux
Qui lit sur son banc

Un renard fougueux
Apeuré m’a regardé
Puis repris la fuite

Musique au salon
Sur le canapé, j’écoute
La fin de semaine

Sous la pluie battante
L’ilot au cœur des océans
Décoré de pins